Accompagner un système humain — une équipe, une organisation, un collectif —
ne consiste pas à le corriger, ni à le normaliser.
Pourtant, beaucoup d’interventions produisent l’effet inverse de celui recherché :
elles rigidifient ce qu’elles voulaient apaiser.
Pourquoi ?
Parce qu’un système vivant ne se transforme pas sous contrainte.
Un système humain n’est pas une machine
Les systèmes humains fonctionnent avec :
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des émotions
-
des relations
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des équilibres implicites
-
des stratégies de protection collectives
-
une mémoire du vécu
Les traiter comme des mécanismes à optimiser
revient à nier leur nature vivante.
Quand l’intervention devient une pression de plus
Un accompagnement rigidifiant apparaît lorsque :
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des modèles sont imposés
-
des comportements sont prescrits
-
des résultats sont exigés
-
le rythme du système n’est pas respecté
Le système se protège alors… en se fermant.
CONSEIL DU THÉRAPEUTE
Un système qui résiste n’est pas de mauvaise volonté.
Il est souvent en train de se protéger.
La rigidification : un effet secondaire fréquent de l’accompagnement
Paradoxalement, plus un système est sous pression,
plus il est tenté de :
-
se normaliser
-
se contrôler
-
se figer
-
réduire la complexité humaine
L’accompagnement, s’il n’est pas ajusté,
peut renforcer ce mouvement.
Quand l’aide devient une injonction déguisée
Exemples fréquents :
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« mieux communiquer »
-
« développer l’intelligence émotionnelle »
-
« être plus collaboratif »
-
« gagner en agilité »
Sans sécurité, ces injonctions deviennent des contraintes supplémentaires.
CONSEIL DU COACH
Un accompagnement qui demande au système
d’aller plus vite que sa capacité de régulation
le pousse à se rigidifier.
Ce qui rigidifie un système humain
Un système se rigidifie lorsqu’il :
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se sent jugé
-
se sent évalué
-
se sent menacé
-
se sent sommé de changer
La rigidité est une réponse défensive,
pas un défaut structurel.
La peur comme organisateur invisible
Lorsque la peur est présente :
-
la créativité diminue
-
la parole se restreint
-
les rôles se figent
-
les positions se polarisent
Le système cherche avant tout à survivre.
CONSEIL DU THÉRAPEUTE
On ne transforme pas un système sous peur.
On le stabilise, ou on le fige.
Accompagner sans rigidifier : un changement de posture
Un accompagnement vivant repose sur :
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la création de sécurité relationnelle
-
le respect du rythme du système
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l’écoute des résistances
-
la reconnaissance des fonctions existantes
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l’absence d’objectif normatif immédiat
Il ne cherche pas à produire un résultat rapide,
mais à restaurer une capacité d’autorégulation.
De la performance à la régulation
L’enjeu n’est pas :
-
d’aller mieux
-
de faire mieux
-
d’être plus efficace
Mais de permettre au système de :
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retrouver de la souplesse
-
tolérer la tension
-
ajuster sans se défendre
CONSEIL DU COACH
Un système humain évolue durablement
lorsqu’il se sent suffisamment en sécurité
pour ne plus se défendre contre le changement.
Le rôle de l’accompagnant dans un système vivant
L’accompagnant n’est ni :
-
un réparateur
-
un expert qui sait
-
un prescripteur de bonnes pratiques
Il est :
-
un régulateur de rythme
-
un garant du cadre
-
un traducteur des tensions
-
un soutien à la conscience collective
CONSEIL DU THÉRAPEUTE
L’accompagnant ne change pas le système.
Il crée les conditions pour que le système
puisse changer sans se casser.
Pour aller plus loin
- Pourquoi l’accompagnement professionnel est souvent mal compris ?
- Sécurité relationnelle et posture professionnelle
- Quand la souffrance professionnelle n’est pas un problème individuel
-
Comment se respecter dans le travail sans s’effondrer ni se rigidifier
-
Comment rester soi-même dans les relations sociales sans se couper du groupe
CONSEIL DU COACH
Un système humain ne se transforme pas
lorsqu’on lui demande d’être meilleur.
Il se transforme lorsqu’il n’a plus besoin
de se défendre pour exister.